Expérimentation L’horticulture cherche à limiter son empreinte carbone
La station Astredhor Ratho à Brindas (69) cherche comment limiter les émissions de gaz à effet de serre des cultures. Crucial à l’heure où les consommateurs sont sensibilisés au problème.
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Face au défi climatique, les pratiques de production tendent à évoluer vers des technologies plus vertueuses d’un point de vue environnemental, et ce quel que soit le domaine. C’est vrai également pour la commercialisation, afin de répondre aux attentes des consommateurs. L’horticulture n’échappe pas à cette tendance.
La station Astredhor Auvergne-Rhône-Alpes(Ratho, à Brindas (69), a débuté en 2020 le projet Carbon’AURA (voir en Repères) dans le but de développer un outil de diagnostic et de conseil concernant les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’une production horticole hors sol. Pour ce type d’étude, deux méthodes peuvent être mises en œuvre : la comptabilisation à l’échelle de l’entreprise ou à celle du végétal (intrants et système de production). C’est cette seconde approche qui a guidé l’étude menée, aussi ne prend-elle pas en compte les transports et la livraison des produits finis, pas plus que l’empreinte carbone liée à l’infrastructure des serres(construction, équipements…).
Définir un itinéraire de culture « conventionnel »
Cette méthodologie produit est en plusieurs étapes successives :
- mettre au point un itinéraire de culture « conventionnel » à partir duquel on calcule le bilan GES ;
- identifier les postes les plus impactants ;
- voir quels leviers peuvent être activés pour réduire les GES ;
- tester des itinéraires alternatifs, les impacts sur la qualité des produits finis et les coûts de revient (lire l’encadré p. 25).
L’outil de comptabilisation des GES développé durant cette première année du projet a permis, à partir d’un itinéraire de culture conventionnel de référence – soit une culture de pélargoniums sous serre chauffée (16 °C le jour, 12 °C la nuit, chauffage au gaz naturel), pour une vente fin avril (substrat à 70 % de tourbe, pot en polypropylène primaire, plaque en polystyrène primaire) – d’évaluer les émissions de GES par plant (estimées à environ 0,49 kg CO2e/plant) et de les répartir entre les différents postes : chauffage, poteries et plaques de culture, substrat, jeunes plants, fertilisation, petit équipement. Les postes d’émission les plus effectifs sont, dans l’ordre, la gestion climatique des serres, les substrats puis les poteries et plaques de culture.
La serre bioclimatique, un gain de 87 % sur le poste climat
La gestion climatique des serres va représenter environ 34 % des émissions globales, ce qui est imputable aux températures de consigne élevées et à l’utilisation d’énergies non renouvelables. Deux alternatives ont été étudiées :
- un système de serre bioclimatique qui permet, pour une culture de printemps, une réduction des émissions de GES de 87 % pour le poste climat et de 30 % pour la production d’un plant ;
- la culture en serre froide, avec une réduction des températures de consigne après une période d’enracinement en serre chaude (16 °C le jour, 12 °C la nuit) durant trois semaines. Cette modalité a engendré une réduction des émissions de GES de 42 % pour le poste climat et de 15 % pour la production d’un plant.
Les substrats sont le second poste, avec près de 30 % des émissions, en raison de l’extraction de tourbe, la ressource étant non renouvelable à l’échelle d’une vie humaine, qui affecte fortement le bilan carbone, loin devant le transport. Les alternatives possibles ont pour objectif de remplacer la tourbe par d’autres matières premières plus durables. Ainsi, selon les méthodes de calcul utilisées, un substrat sans tourbe permettrait une réduction de 80 % sur le poste et de 25 % sur le bilan global de la plante.
Collecter et réutiliser les pots pour limiter les émissions
Enfin, les poteries et plaques de culture représentent près de 26 % des émissions globales (6 % pour les pots, 20 % pour les plaques), en raison de l’utilisation de poteries en polypropylène non recyclable et de plaques de polystyrène.
Plusieurs alternatives ont été étudiées pour les poteries :
- des pots en plastique recyclé et recyclable qui entraînent une réduction de 65 % sur le poste pots et de 4 % sur le global de la culture (coût supérieur de 25 à 45 % par rapport à un pot classique) ;
- l’utilisation de pots biodégradables, qui ont l’avantage d’être fabriqués à partir de matériaux biosourcés et de générer moins de déchets. En revanche, peu d’informations sont disponibles concernant les émissions de GES liés à leur fabrication. De plus, leur coût est jusqu’à quatre fois et demie plus élevé qu’un pot en polypropylène ;
- la collecte de pots usagés pour une réutilisation directe après nettoyage, ce qui peut largement limiter les émissions (une solution encore plus pertinente en ce qui concerne les plaques de culture), ou la réinjection de la matière plastique pour la fabrication de nouvelles poteries.
Claude ThieryPour accéder à l'ensembles nos offres :